Le cinéma belge reprend son élan
Après le cataclysme sanitaire de 2020, le cinéma belge francophone remonte la pente. Mais doit composer avec un contexte global morose.
Publié le 30-04-2022 à 06h00
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Moins qu’en 2020, mais quand même un peu: le bilan 2021du cinéma belge francophone, présenté hier au Palace par le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel (CCA) en présence de la ministre de la Culture Bénédicte Linard, est forcément tronqué.
Par la fermeture des salles du 1er janvier au 8 juin (on va mettre de côté l’affligeante tentative de refermeture de décembre). Par les mesures sanitaires – port du masque en tête – qui ont longtemps survécu à cette période. Et par les difficultés qu’éprouve plus globalement le secteur à ramener le grand public sur le chemin des salles: en 2021, la fréquentation globale des cinémas a certes augmenté de 34% pour un bilan total de 7,5 millions d’entrées, mais ça la laisse encore loin des hauteurs pré-Covid, quand il n’était pas rare de comptabiliser 20 millions de spectateurs annuels. Le bilan 2022 sera, à ce titre, plus révélateur d’une éventuelle métamorphose du mode de consommation audiovisuel.
Grâce, cependant, aux mécanismes de soutien pérennisés par les autorités, par exemple sous la forme d’un fonds de garantie, le cinéma belge francophone a toutefois pu reprendre sa marche en avant, au moins en matière de production: alors que l’enveloppe allouée à la commission du cinéma fut de 10,2 millions € en 2021, un montant globalement stable depuis… 2011 (ce qui ne va pas sans faire grincer des dents dans le milieu), ce sont pas moins de 21 films d’initiative belge francophone qui ont été aidés (si on n’y inclut pas Le calendrier , de Patrick Ridremont, qui n’a bizarrement pas connu de sortie belge), contre 10 en 2020.
Les drôles de calculs du CCA
Un rebond qui a des conséquences, aussi, en termes de diffusion: selon Jeanne Brunfaut, directrice du CCA, les 84449 entrées obtenues par ces œuvres représentent une " augmentation de 45% de la fréquentation " par rapport à 2020 quand, renseigne le très officiel bilan 2021, ils n’avaient été que 58167 spectateurs en 2020.
Un calcul frelaté et une progression artificielle puisque ce dernier chiffre ne tient pas compte, " pour ne pas biaiser les moyennes ", des 125826 entrées enregistrées, cette année-là, par le Bigfoot Family des studios Stassen.
Un film d’animation certes non soutenu par le CCA… mais que ce dernier n’avait pourtant pas hésité à comptabiliser dans le bilan de l’année dernière pour s’offrir, alors, une hausse de la fréquentation de 51%. Si on le réintègre à l’équation, le cinéma belge francophone est donc passé, en un an, de 185526 à 84449 spectateurs. Soit, ici, une baisse de 54%.
Un bilan néanmoins honorable au regard, une fois encore, du contexte. Et que l’on doit essentiellement aux "performances" d’ Un Monde de Laura Wandel (20888 spectateurs), des Intranquilles de Joachim Lafosse (18369) et du Space Boy d’Olivier Pairoux (15047), les seuls à avoir franchi la barre symbolique des 10000 entrées.
Pour enfin conquérir un public qui se refuse obstinément à lui, notre cinéma devra peut-être compter sur un refinancement. Lequel devrait passer, bientôt, par les contributions d’éditeurs de contenus extérieurs style Netflix. La ministre Linard l’a rappelé ce vendredi: c’est, avec la réforme du fonds séries et l’élaboration du contrat de gestion de la RTBF pour la période allant de 2023 à 2027, le grand chantier qui pourrait, dans un proche avenir, changer singulièrement, et ses moyens, et son visage.