Évaluation des enseignants: un projet de décret qui risque de « museler » les profs
Imbuvable pour les syndicats, le projet de décret d’évaluation des enseignants est l’un des dossiers brûlants de cette fin d’année scolaire.
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Publié le 30-04-2022 à 07h00 - Mis à jour le 30-04-2022 à 07h41
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Sujet sensible dans les salles de profs, le projet instituant un mécanisme systématique d’évaluation des aptitudes pédagogiques passe mal auprès des syndicats d’enseignants, lesquels ont inscrit le retrait du décret sur la liste de leurs revendications rappelées jeudi au ministre-président Jeholet.
Il passe d’autant plus mal qu’il " existe déjà un mécanisme permettant de sanctionner un enseignant en cas de dysfonctionnement ou de dérapage avéré , rappelle Joseph Thonon (CGSP-Enseignement). Par contre, avec ce projet de décret, c’est la porte ouverte aux excès. "
Évaluation et contrôle
Toujours en phase d’élaboration, ce projet véhicule l’idée d’un entretien que l’enseignant aurait annuellement avec le directeur (ou son représentant) de l’école où il exerce.
En cas de souci révélé lors de cet entretien, se mettrait alors en place tout un processus d’évaluation au travers d’une série d’étapes de contrôle qui, in fine , pourraient donc déboucher sur la rupture du contrat de travail de l’enseignant – que celui-ci soit nommé ou non.
Sans entrer dans les détails, on précisera que s’il va à son terme, ce processus devrait s’étaler sur un minimum de deux années scolaires, qu’un avis qui serait rendu favorable au terme de l’une des étapes interrompt – et annule – de facto celui-ci, et que le dispositif prévoit des procédures de recours.
Syndicats remontés
Si les syndicats ne rejettent pas forcément toute idée d’une évaluation, laquelle " peut se révéler indispensable ", l’actuel projet " est imbuvable ", commente Emmanuel Fayt (Setca-Sel).
Le responsable sydical regrette notamment que " notre proposition de scinder ça entre un décret sur l’évaluation constructive et un autre sur le contrôle avec sanction à la clé " ait été " balayée d’un revers de la main « . En mêlant ces deux volets au sein d’un même mécanisme, outre ajouter de la pression sur ses épaules, " on bride l’enseignant « , poursuit Emmanuel Fayt. D’autant que " l’évaluation doit pouvoir aller dans les deux sens, un enseignant doit par exemple pouvoir demander à suivre une formation.Mais dans un tel contexte, il n’osera rien demander. On lui met une muselière « .