«Pré de chez vous», une viande label climatique
Des bovins qui émettent moins de méthane grâce à une alimentation spécifique ? c’est la vitrine d’un nouveau label pour la viande de BBB.
Publié le 25-04-2022 à 17h44 - Mis à jour le 25-04-2022 à 18h28
C’était en 2017, en Vendée. Quelques éleveurs wallons étaient invités par Greenpeace pour rencontrer leurs homologues français engagés dans l’agro-écologie. Un des points d’attention avait alors été un toatser à grains, machine financée par Greenpeace et dans laquelle étaient grillées des graines de protéagineux. L’intérêt? Une alimentation enrichie, produite localement et plus assimilable par le rumen des bovins. Avec au final un impact moindre en émissions de CO2, grâce à la production en circuit-court, et de méthane, grâce à des éructations réduites chez les animaux.
Ce lundi à Fernelmont, ce n’était pas une association environnementale mais la société Dumoulin, un important fournisseur d’aliments pour bétail, qui reprenait peu ou prou le même argumentaire pour présenter un nouveau label de viande blanc-bleu. Signe qu’en cinq ans la question des émissions de gaz à effet de serre par l’agriculture, et en particulier l’élevage bovin, a quitté la sphère des associations écologiques pour intégrer aussi le marketing du commerce de la viande et du business qui y est lié.
Ce label "Pré de chez vous", porté par la société Dumoulin, le grossiste en viande Bernard Gotta et la société Sobemax (vente de bovins), repose précisément sur un concept d’aliment qui, selon les promoteurs du label, réduit jusqu’à 30% les émissions de méthane pendant la digestion et jusqu’à 21% l’empreinte CO2 de la viande.
La recette de ce produit baptisé Euroclim? Elle est à base de graines de lin extrudées par cuisson à 130 °C et sous pression. Une technique qui élimine les facteurs anti-nutritionnels et facilite la digestion par l’animal, explique Werner Reuter, directeur du département nutrition chez Arvesta (le groupe auquel appartient la société Dumoulin). La réduction de méthane est là. Celle de CO2 est obtenue grâce à un approvisionnement en matières premières exclusivement européennes et dont 80% d’entre elles " n’entrent pas en compétition avec l’alimentation humaine ".
À ce stade, la viande « Pré de chez nous » n’est encore produite que par 5 ou 6 éleveurs et elle ne sera dans un premier temps vendue que par des bouchers indépendants. Ce week-end, 150 d’entre eux étaient invités à Fernelmont pour découvrir cette viande qui, outre son empreinte climatique moindre, est aussi plus riche en omega 3. Sur cette base, une demande de reconnaissance officielle de « Qualité différenciée » sera introduite auprès des autorités wallonnes. Quant à l’impact sur le prix, le kilo carcasse sera payé 20 cents en plus à l’agriculteur, qui devra également respecter un cahier des charges spécifique en termes de bien-être animal. Pour le consommateur, la différence de prix ne devrait pas être importante, assure les promoteurs du label. Un léger supplément, prix du goût et du bénéfice pour la planète.