Réforme des soins de première ligne: «Ça devient limite»
De report en report, la réforme wallonne de la première ligne de soins verra-t-elle le jour avant 2024 ? On s’en inquiète jusque dans la majorité.
Publié le 07-04-2022 à 06h00 - Mis à jour le 07-04-2022 à 08h19
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/4JB43WBJENB2DMO43YXPBWTIUY.jpg)
Les assises de la première ligne de soins auraient dû se tenir en février 2020.En avril 2022, on n’y est toujours pas. " À cause du Covid, et c’est légitime « , reconnaît le député wallon Écolo Laurent Heyvaert.Mais il se tracasse tout de même pour le timing. » La réforme doit être opérationnelle avant juin 2024. Vu le rétroplanning, ça commence à être tout juste. "
Report Covid 1
La ministre wallonne de la Santé Christie Morreale (PS) en a fait une des priorités de cette législature: optimiser l’offre locorégionale, la proximité et l’efficacité de la première ligne de soins.
Et pour y parvenir, il faut que les nombreux acteurs de cette première ligne se parlent et travaillent ensemble. Généralistes, kinés, services de soins à domicile, postes médicaux de garde, pharmaciens, etc.
C’était inscrit dans la déclaration de politique régionale et c’est repris dans le plan de relance wallon.
D’où le rendez-vous pris pour entamer des assises générales en février 2020.En mars, le Covid allait tout paralyser. Et révéler à quel point une organisation de la première ligne de soins était cruciale.
Report Covid 2
Deuxième tentative: les assises sont reprogrammées à l’automne 2021. " Il y a eu un lancement officiel en octobre ", rappelle Laurent Heyvaert. Mais le variant Omicron s’est pointé." Tout a été mis sur pause. À juste titre ", insiste le député.Comment en effet mobiliser des professionnels de la santé déjà absorbés par l’urgence sanitaire?
" Mais maintenant, on sort de cette période. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Le Covid a montré les manquements, mais il y a eu aussi beaucoup de choses positives.On pensait que la ministre allait relancer rapidement le processus. On n’est pas à l’abri d’une nouvelle vague ", s’inquiète-t-il.
Le risque: la lasagne
Or, le processus de coconstruction avec les différents secteurs va prendre du temps. Il est prévu avant toute chose de lancer un questionnaire en ligne, puis des ateliers, ensuite un rapport, qui constituerait la base du travail législatif, qui lui-même prendra plusieurs mois.
" Pendant ce temps, les acteurs de terrain travaillent chacun dans leur coin à leur propre réforme , observe l’Écolo. Les cercles de généralistes, la santé mentale, les soins hospitaliers aussi, les centres de prévention et de promotion de la santé…Ils avancent.Le but, c’était de les faire travailler ensemble.Le risque, c’est de passer à côté de la réforme et de se retrouver avec une lasagne de soins. "
«C’est sur les rails»
Au cabinet de la ministre Christie Morreale, on annonce un lancement du processus participatif (le questionnaire) sur la plateforme digitale pour la deuxième quinzaine d’avril.
Sur cette base, une première tendance devrait déjà se dégager. Six panels de discussion en présentiel suivront, avec les représentants des différents secteurs. Premier rapport, premières perspectives, ensuite nouveaux ateliers, propositions, etc.
Tout le processus devrait être clôturé lors du dernier trimestre 2022.Il restera alors 2023 pour travailler à la modification décrétale.
" Le chantier est sur les rails et l’objectif reste bien de tenir le timing. Et, même si un démarrage en 2020 aurait été plus confortable, ce n’est pas du tout infaisable ", veut rassurer le cabinet de la ministre wallonne.
Dans le cas contraire, Laurent Heyvaert et le groupe Écolo se tiendront prêts, avec une proposition de décret. » On a commencé un travail de rédaction avec des acteurs de la première ligne, pour éviter de faire quelque chose en dernière minute. "